Le SECTEUR SUD D'ARRAS DURANT LA GRANDE GUERRE

De la Première Bataille d'Artois (Octobre 1914), les batailles d'Arras, aux batailles de la Ligne Hindenburg en 1917 - 1918 

L'utilisation des contenus sans accord ou sans citation de la source est interdit - Merci! -N'hésitez pas à nous contacter!

      Dans le Nord-Pas-de-Calais, durant la seconde moitié de la Première Guerre Mondiale, à partir de fin Mars 1917 (avant le début de la bataille d'Arras) jusqu'à Septembre 1918, entre autres, les vallées de la Sensée et du Cojeul (Sud Artois, Nord-Pas-de-Calais, Hauts de France) furent un secteur particulièrement actif et dangereux principalement à cause de la présence de la fameuse "Ligne Hindenburg" (dénomination Britannique : "Hindenburg line", "Seigfried Stellung" pour les Allemands, "Grande Tranchée" ou "le fossé" parfois rencontré pour les Français).

 

     Avant les destructions causées par les combats de la Bataille d'Arras, les villages sur, ou aux alentours de la Ligne Hindenburg, après plus de deux ans d'occupation (depuis début Octobre 1914), vont subir une succession de mutations voir, mutilation : d'abord par l'occupation allemande en elle même du fait de l'apport de l'ingénierie nécessaire aux communications, aux transports de troupes et de matériels, hôpitaux, cimetières qui vont fleurir notamment au cours de 1916 et de la bataille de la Somme... l'absence des hommes dans les champs, la saisie du bétail, des récoltes, la réquisition des usines fera aussi son office dans les premières années de la Guerre. Ensuite, par la création de la Siegfriedstellung qui oblige les Allemands, en plus de la ligne en elle même (construction débutée fin Septembre 1916 qui ne manquera pas de balafrer notre territoire), à encore apporté des modifications dans les secteurs concernés : routes, ponts, voies de chemin de fer, usines de transformation, camps de prisonniers (70000 hommes seront attachés à la construction : prisonniers Russes, Belges... Allemands, professionnels ou militaires, civils...), airs de stockage pour les barbelés ou le béton... . L'opération Alberish (retraite Allemande accompagnée de saccages pour regagner les positions Hindenburg) va également faire son oeuvre. Et enfin et surtout à cause de la totale destruction du secteur entre Mars 1917 et Septembre 1918, période durant laquelle la Ligne Hindenbrug sera sous le feu quasi ininterrompu en particulier durant la phase principale qui sera connue sous le nom de Bataille d'Arras jusqu'à l'offensive Anglo-Canadienne victorieuse d'Aout-Septembre 1918 (Offensive des 100 jours, Hundred Days Offensive).

 

     La reconstruction des Hauts de France, et plus particulièrement de la région d'Arras dévastée à 100% en particulier aprés la bataille d'Arras et ensuite, ne démarrera qu'au début des années 20 avec les habitants de retour des quatre coins de France, qui ont eu le courage de retrouver les ruines de leur maison bravant les interdictions de reconstruction des zones classées "Zone Rouge").

Le Musée Ligne Hindenburg vous proposera de suivre en détail ses mutations et de marcher dans les pas des acteurs de cette histoire locale.

1917 - Pourquoi la Ligne Hindenburg?

Découvrez la chaine d'évennements majeurs déroulés dans les Hauts de France, qui a conduit à l'implantation de la Siegfriedstellung devant Arras durant la Grande Guerre

- 2-4 Octobre 1914 : Invasion Allemande du secteur d'ARRAS - L'assassinat de l'Archiduc François Ferdinand d'Autriche et de sa femme le 28 Juin 1914 fait basculer l'Europe puis, par le jeu des alliances, le Monde, dans la Grande Guerre. L’Allemagne lance alors son offensive le 17 Août 1914 mise en place par Helmuth Von Moltke : le plan Schlieffen, consistant en l'attaque de la France, par la Belgique, en violant la neutralité de cette dernière, en un vaste mouvement tournant par le nord de Paris avec cette ville en principal objectif. Le but étant de lancer cette avancée de la façon la plus rapide possible, avant qu'un autre front ne s'ouvre à l'est. La mobilisation Russe, plus rapide qu'escomptée par le commandement Allemand, implique une réorganisation du plan originel par son raccourcissement. Les troupes Allemandes obliquent donc vers le sud devant Paris, pour finalement être stoppées et repoussées par les armées du Général Joffre sur la Marne (épisode des fameux "taxis de la Marne"). C'est alors la "course à la mer" qui fait suite au plan Schlieffen et à la Bataille de la Marne : les troupes Allemandes repoussées, tentent de prendre par le flanc le gros des troupes Française, ces dernières font de même par le nord, et ainsi de suite en direction de la Mer du Nord. Les Allemands avancent vite vers le nord pour contourner les forces Françaises, et sont stoppés par la 10éme armée Française devant Arras. Les troupes Françaises harcèlent au canon de 75 les troupes Allemandes déferlantes. Les combats s'engagent à Guémappe, Wancourt, Neville-Vitasse, Mercatel... - quelques accrochages avec des cavaliers Dragons et Cuirassiers contre Uhlans sont rapportés ça et là, comme à Croisilles et dans les villages submergés par la vague Allemande, mais rien n'y fait, tous ces villages sont déjà perdus. Les affrontements s’enchaînent... Dans le secteur, les allemands finissent par progresser encore un peu vers l'ouest et sont arrêtés aux portes d'Arras et, dans la Somme, à celles d'Albert. Toujours par les tentatives alternées de prendre l'armée adverse par son flanc, les affrontements se multiplient en direction du nord dans cet épisode de la "course à la mer" qui continue. Les combats font rage notamment au nord d'Arras, en direction de Lens, autour d'Ablain Saint Nazaire, Souchez, Givenchy-en-Gohelle..., et de la tristement célèbre colline de Notre Dame de Lorette (Octobre 1914 - Octobre 1915) culminant, comme la crête de Vimy toute proche, la pleine charbonifère lensoise stratégique. On le sait peu, mais avant que les troupes Canadiennes n'enlèvent la crête de Vimy en Avril 1917 et y versent à leur tour leur sang, les troupes Françaises par leur division Marocaine percent les lignes Allemandes le 9 Mai 1915 sans que, malheureusement, cette avancée ne puisse être concrétisée par une prise totale de la crête de Vimy. La retraite a du être sonnée après que des pertes sévères soient subies par les troupes coloniales.

Le front et les combats s'enlisent. Les positions se figent avec l'automne 1915. Rapidement sur le terrain conquis, l'envahisseur s'installe. C'est déjà le début de l'occupation Allemande dans le secteur autour de Croisilles. Ce sont alors des mois de privations, les brimades font rage, les villages et leur habitants subissent les défilés, les revues, les habitudes étrangères, les réquisitions de bêtes ou de récoltes puis les mois passant, avec les combats à l'ouest ainsi que dans la Somme, de nombreux hôpitaux finissent par fleurir avec leurs cimetières quasi attenant, ... ils se remplissent petit à petit... Autant les civils doivent subir les privations, autant les Allemands ici respirent un peu... nous sommes déjà en 1916, l'armée Britannique a à présent pris place à l'ouest de nos villages. La Bataille de Verdun fait rage depuis le 21 Février 1916 sur le front Français, et à l'ouest de nos villages, les cimetières Allemands se remplissent un peu plus vite, en effet, les obus pleuvent dans la Somme avec le lancement d'une attaque Britannique d'importance ce 1er Juillet 1916 : la Bataille de la Somme.

L'hiver approchant, après les lourds combats menés depuis 1914 dans la Marne, en Artois et ailleurs, et alors qu'à présent, les troupes Allemandes, Françaises et Britanniques s'enlisent dans les combats de la Somme ainsi qu'en autres à Verdun. Une conférence s'ouvre à l'arrière du front allemand, à Cambrai, au grand QG de la 6eme Armée Allemande récemment transféré depuis Douai. Nous sommes le 8 septembre 1916. Y assistent entre autres, Guillaume II, le Kronprinz, Paul Von Hindenburg, Erick Lundendorff... Lors de cette assemblée, l'idée de la création d'une ligne défensive est émise par le Lieutenant-Général Fuchs afin de réduire le front et ainsi économiser des hommes.

 

- 27 Septembre 1916 : Début de la construction de la Siegfried Stellung (Hindenburg Line - Ligne Hindenburg) - Le Kronprinz Rupprecht von Bayern à qui on a présenté le projet, l'approuve. Le colonel Kraemer (officier d'artillerie) est chargé de la construction. Près de 70000 hommes (Allemands, Belges, Russes, Français, ...) seront employés pour 3 mois de travaux prévus. La nouvelle ligne de défense, baptisée ici Siegfreidstellung (du nom d'un héro d'un opéra de Wagner 1876, à ne pas confondre avec la Ligne Siegfried bâtie par les Allemands durant la Deuxième Guerre faisant en quelque sorte face à la Ligne Maginot) se dessine sans que, pour l'heure, les alliés ne s'en rendent compte (les premières observations du Royal Flying Corps attestant de travaux visibles datent de fin octobre 1916).

De partout arrive la main d'oeuvre : prisonniers russes, des camps sont créés tout au long des futures installations, proches des chantiers entre autres, à Vis-en-Artois et Fontaine-lès-Croisilles des civils français ou allemands (des sociétés de construction notamment), des belges... Une gigantesque et inédite organisation (tout aussi impressionnante que les futures installations en elles même) se mets alors en place : routes, des ponts, des voies de chemin de fer, des gares, des dépôts, des fabriques afin de produire et acheminer le matériel nécessaire à la plus importante installation défensive créée durant toute la Première Guerre Mondiale.

 

- Octobre/Novembre 1916 : Premières observations Britanniques des installations par le Royal Flying Corps- Les larges tranchées (qui seront encore élargies du fait de l'apparition des premiers chars britanniques MkI ou "Mother" tanks, en septembre 1916 à Pozières et Flers-Courcelette) sont à présent très visibles, la craie blanche qui est remonté du sous sol marque bien les emplacements d'une fabuleuse et impressionnante organisation de tranchées et de champs de denses barbelés très nettement visibles par les observateurs du Royal Flying Corps. Des positions bétonnés de mitrailleuse (MEBU = Mannschaft EisenBeton Unterstände - Abris béton armé - Pillboxes pour les britanniques) sont visiblement semés tous les 100m sur la première ligne, en quinconce avec ceux de la tranchée de deuxième. Et c'est bien là que la partie visible de l'iceberg...

- 9 Février 1917 : Opération Alberich - Sous la pression, alors que les installations de la Siegfriedstellung ne sont pas terminées, au nez et à la barbe des Britanniques, les Allemands appliquent leur stratégie défensive : Ils exécutent leur repli sur la Ligne Hindenburg (Opération Alberich) . Ce recul est accompagné d'un saccage systématique du terrain concédé à l'ennemi : les maisons sont détruites, les carrefours pricipaux minés, les arbres sont coupés sur les routes, les champs, lorsque que c'est possible, sont innondés....

 

- 22-23 Février 1917 : Découverte par les Britanniques de la retraite Allemande et début de poursuite - l'activité sur la ligne de front de la Somme est inhabituellement clame, après patrouille, le constat est clair : Les tranchées ennemies sont vides. Les premières observations du départ des allemands de leurs tranchées ont lieu à Petit Miraumont et sont reportées par les hommes du 7th Royal West Kent le 22 Février 1917.

 

- Mi-Mars 1917 : Opérations Britanniques de poursuite - Avec l'aide de la cavalerie et de troupes cyclistes, tous les villages entre les anciennes et nouvelles positions allemandes sont déserts, détruits, brûlés... Les poursuivants vont éprouver bien de la peine à suivre les Allemands en plein mouvement de repli qu'ils accompagnent de systématiques destructions, saccage prévu par le plan Alberich. Les Villages d' Irles, Monchy au Bois, Ligny Thilloy sont libérés, le bois d'Adinfer est également vide, Blaireville et Douchy-les-Ayette sont tout deux abandonés par les allemands. Vers Beaurains c'est pareil. La 8eme (Lucknow) Cavalry Brigade (troupes Indiennes) se lance dans la la poursuite sur les ordres du lieutenant-général Hubert Gough, des groupes de cyclistes seront également employés. Ervillers, Hamelincourt et Moyenneville sont vides.

 

- 17 Mars 1917 : Croisilles brûle - Les Britanniques sont à quelques milliers de métres des tranchées Allemandes et ils se frottent aux farouches avant-postes qui gagnent du temps afin que les troupes prennent place dans la ligne de défense Siegfried Stellung. Une extrèmement lourde résistance aux abords du système Hindenburg est reporté. Le 18 Mars, la pression est porté par Gough au sud d'Arras avec sa cavalerie qu'il ordonne d'avancer en direction d'Ecoust, Croisilles, Lagnicourt et Henin-Sur-Cojeul (engagés dans la course : Lucknow brigade - Jacob's Horse, 29eme Lancers, Yorkshire dragoon, 2eme corps Cyclist, 1er King's Dragoon Guards et des cavaliers de l'ANZAC - Australian and New Zealand Army Corps)

 20 Mars 1917 : Notre secteur est à présent à la portée de l'artillerie Britannique - les premiers obus alliés tombent sur nos villages (après ceux des Français en Octobre 1914).

 

- 2 Avril 1917 : Croisilles est pris par les Britanniques - On mesure là, la difficulté que rencontre à présent les Britanniques à l'approche des nouvelles positions défensives Allemandes des tranchées de la Siegfriedstellung, le village de Croisilles a été attaqué pour la première fois le 20 Mars 1917 nottament par des troupes des éléments du 6eme Northamptonshire (54eme brigade, 18eme division), du Jacob's Horse, du 1er King's Dragoon Guards (1KDG), et du 29eme Lancers. La première bataille de Croisilles aura duré 14 jours et sera menée en 3 assauts majeurs où les Britanniques auront perdu leur premier millier d'hommes dans notre secteur pour avancer de 1000m. Les Britanniques s'installent sur la ligne Henin Croisilles - Ecoust. On décide alors de profiter du mouvement en capitalisant sur la pseudo retraite des Allemands, une attaque de grande ampleur est prévue dans quelques jours, les cannons Britanniques qui arrivent vont rougir, les Allemands du secteur vont subir près d'une semaine d'enfer préparatoire à ce qui sera la Bataille d'Arras.

 

- 9 Avril 1917 : Bataille d'Arras, première Bataille de la Scarpe, bataille de Vimy - Après que le secteur soit plongé dans un déluge d'acier durant des jours, action préparatoire à la Bataille d'Arras, les armées Anglaises et Canadiennes montent au front avec du nord au sud : l'armée Canadienne sur la Crête de Vimy puis la 51ème division anglaise, la 37ème, là 12ème, la 3ème, la 56ème, la 30ème et la 21ème division. A Vimy, au nord d'Arras, des efforts tous particuliers sont déployés, les leçons sembles apprises suites au carnage de la Bataille de la Somme : stratégie d'attaque revue, mines souterraines, coordination, et pilonnage intensif durant des jours de toutes les positions stratégiques à portée d'artillerie sur la crête de Vimy elle même et aux alentours... Rapidement mais non sans mal, la crête fortifiée de Vimy et un bon tronçon de la ligne Hindenburg sera prise par les troupes Anglo-Canadiennes au nord et et à l'est d'Arras. Les positions Allemandes seront enlevées devant Vimy donc, Arras et jusqu'au au nord de Fontaine Les Croisilles, ce village étant le point de pivot du déplacement du nouveau front. Au croisement avec la vallée de la Sensée, à cet endroit jusqu'à Bullecourt - Ecoust plus au sud, les installations sont les mieux dessinées et abouties du secteur. Les lignes définies comme les objectifs au début de la Bataille d'Arras telles que la Black Line, la Blue line, la Brown Line, sont prises une à une, les Britanniques sont arrêtés vers la Green Line et la ligne de front s'établie (au sud de la route Arras-Cambrai) depuis Monchy le Preux - Wancourt - Henin sur Cojeul - Fontaine - Bullecourt...

C'est à ce moment là que l'interrogatoire d'un prisonnier Allemand, par la 21ème Division, permet d'apprendre entre autre, l’existence d'un niveau d'installation hors normes, plus vaste qu'attendu. Dans le secteur notamment il existe un tunnel de prés de 18km de long courant sous la seconde ligne de tranchées du réseau de la Ligne Hindenburg à l'est et au sud d'Arras...

 

- 11 Avril 1917 : Bataille de Bullecourt (attaque Anglo-Australienne) - Après les bons progrès des premiers jours de la Bataille d'Arras et le pied posé sur la crête fortifiée de Vimy, l'état major Britannique décide le 10 Avril de pousser les Allemands à reculer encore, en ouvrant une nouvelle bataille un peu plus au sud d'Arras : à Bullecourt. Ils espèrent que la proximité d'une ligne secondaire repérée par les observateurs (la ligne Wotan ou Drocourt-Queant line) va les y aider. 12 tanks sont prévus pour cette seconde phase de la Bataille d'Arras, mais n'arrivent pas le jour prévu à Bullecourt, l'attaque est donc reportée de 24h. Une incompréhension poussent les hommes du West Yorkshire Regiment de la 62ème division à pourtant avancer, malgré l'annulation, entre Fontaine-les-Croisilles et Bullecourt : les pertes sont  importantes, inutiles et stériles. Devant Fontaine Les Croisilles, la 21ème Division essuie de très lourdes pertes. Sont particulièrement touchés : le 15ème Durham Light Infantry, le 1er East Yorks, le 10ème King's Own Yorkshire Light Infantry (KOYLI), le 64ème MG Corp, suite à une farouche contre-attaque Allemande, ils doivent reculer. Le 11 Avril 1917, dans des conditions météo froides et neigeuses, la 62ème division Anglaise, avec le West Yorkshire Regiment qui panse ses blessures de la veille, attaque toujours entre Fontaine les Croisilles et Bullecourt. La 4ème division Australienne s'élancent dans l'axe Ecoust - Bullecourt pour tenter de prendre pied dans la Ligne Hindenburg entre Bullecourt et Quéant, ceci, sans préparation d'artillerie mais aidés de 11 chars (12 tanks prévus intialement) qui sortent de la ligne de chemin de fer serpentant entre Ecoust et Bullecourt, ils ne seront finalement que d'une aide limitée. C'est un carnage pour l'ensemble des troupes engagées au sud de Fontaine-les-Croisilles face au mur que constitue la Ligne Hindenburg dans ce secteur, les plus lourdes pertes sont consenties par la 4ème Brigade Australienne des ANZAC (Australian and New Zeland Army Corps) logé entre les deux fortins que constituent Bullecourt et Quéant, villages tous deux ceinturés de tranchées et de barbelés. Les Australiens ont effectivement pris pied dans les lignes Allemandes, mais s'y sont retrouvés finalement pris au piège, si bien que, une fois toutes munitions et grenades épuisées, impossible de reculer : le no man's land est parfaitement couvert par les mitrailleuses, snipers et artillerie de campagne allemande, le piège s'est inexorablement refermé sur eux, bilan pour les "Diggers" des ANZAC : ils perdent 2339 hommes sur 3000 engagés sur cette deuxième phase de la Bataille d'Arras. Cette lourde erreur stratégique n'a pas manqué d'avoir des répercutions importantes sur tout le secteur, en effet, l'illusion de la prise de Bullecourt à un moment donné, a mené à une série de confusions engendrant la perte de milliers d'hommes jusqu'à Fontaine-les-Croisilles plus au Nord.

Vers la route Arras-Cambrai, Monchy le Preux est enlevé au prix également de pertes effroyables pour la 37ème Division à l'oeuvre autour de ce village.

Le village de Wancourt et le secteur de la tour de Wancourt ("Wancourt tower"), positions entre Chérisy et Wancourt, sont pris par la 50ème Division Britannique entre le 12 et le 17 Avril 1917, point clé du secteur, théatre de lourds combats.

Les troupes Britanniques vont à présent porter leurs efforts en direction du sud d'Arras avec Fontaine les Croisilles comme nouvel objectif, Fontaine est situé juste derrière les deux tranchées parallèles de la Ligne Hindenburg sur un tronçon parfaitement dessiné jusqu'à Bullecourt, très abouti, et bien tenu, de plus, localisé en fond de vallée, ce qui donne un avantage à l'occupant profitant du devers pour voir arriver les assaillants. Cependant, les derniers gains de l'ouverture de la bataille d'Arras, donne la possibilité de peut être prendre ce village de Fontaine par le flanc, sans attaquer de face la ligne Hindenburg, mais en la longeant...  Par le nord, depuis la Tour de Wancourt ("Wancourt tower") et le village de Wancourt, les secteurs de Guémappe et Chérisy seront attaqués.

 

- 23 Avril 1917 : Seconde Bataille de la Scarpe - Autre phase de la bataille d'Arras, un important assaut Britannique par le nord de Fontaine les Croisilles : le 7ème corps Britannique y met les moyens en tirant 3 fois plus d'obus qu'à l'ouverture de la bataille d'Arras déjà qualifié de terrible ce sont 400000 projectiles de tous genres (uniquement pour le VIIème corps britannique) qui vont s'abattre sur un front de 15km en quelques jours. Les observateurs indiquent que jusqu'alors, même lors de la bataille de la Somme, il n'y eu de tir plus intense. Les Britanniques de la 33ème Division (100ème et 98ème Brigade Anglaise) grignotent du terrain face aux tranchées Allemandes avec une attaque simultanée frontale et en enfilade des tranchées parallèles de la Ligne Hindenburg en direction du sud. Quelques gains, aux abords des villages au nord de Fontaine tels que Chérisy qui est approché ou encore Guemappe... toujours avec de très importantes pertes surtout pour le 1er Queen's Regiment de la 100ème brigade.  C'est à cette période que les Britanniques qui ont pu prendre pied dans de nouveaux modestes tronçons de la Ligne Hindenburg au sud d'Arras mesurent l'impressionnante installation, notamment par la présence d'un fabuleux réseau sous terrain judicieusement conçu, ils l'appellent Tunnel Trench. Ce système de sous terrain à été parfaitement conçu et permet à des milliers d'hommes de s'y abriter relativement confortablement. En cas de coup dur, des tronçons peuvent être instantanément abattu pour empêcher l'invasion.

 

- 3 May 1917 : Attaque Anglo-Australienne, troisième Bataille de la Scarpe - Troisième phase importante de la bataille d'Arras : Une attaque majeure est lancée sur les secteurs de Bullecourt (2ème Division Australienne de l'ANZAC), Fontaine-les-Croisilles (21ème Division et 62ème Division Anglaise au sud) et Chérisy (14ème Division Anglaise au nord et 18ème Division devant Chérisy)  durant la troisième bataille de la Scarpe. L'organisation de celle-ci est d'abord fastidieuse, les généraux alliés ne sont pas tous d'accord rien que sur l'heure de l'attaque, les troupes sont mal organisées et tardivement informées ainsi que mal réparties sur la largeur du front trop large pour le nombre hommes qui pour certains doivent avancer sur des portions de terrain de plus de 500m en situation défavorable notamment entre Fontaine et Chérisy. La 21ème Division perd 1000 hommes dans la journée, les autres divisions dénombrent des pertes au moins équivalentes. Chérisy est partiellement pris, puis perdu. Quelques trop modestes gains au regards des niveaux de pertes considérables enregistrés dans ce secteur sud Arrageois.
 

- 16 Mai 1917 : Fin officielle de la bataille d'Arras - les combats ne s'arrêtent pas pour autant dans le secteur d'Arras malgré la fin officielle de la dite "Bataille D'Arras", loin de là! La bataille pour la Ligne Hindenburg devant Chérisy, Fontaine Les Croisilles et Bullecourt continue avec acharnement....

 

- 15 Juin 1917 : Attaque sur "the Ilsand" ("l'île") - "The Ilsland" est la portions de tranchées de la Ligne Hindenburg toujours aux mains des Allemands entre Fontaine-les-Croisilles et Bullecourt. Cette portion située au sud-est d'Arras est une nouvelle fois attaquée cette fois-ci principalement par les hommes du Londons Regiments (58ème Division) et la 21ème Division. Les gains sont un peu plus intéressant que les jours précédents surtout dans la première ligne de tranchées Allemandes, ils sont notamment réalisés par le 2/3eme Londons. Le 2/4ème Londons quant à lui, subit des pertes très sévères. La ligne Hindenburg à cet endroit est petit à petit grignotée mètre par mètre...

 

- Juillet 1917 - March 1918 - Le secteur devient un peu plus calme avec les actions majeures concentrées à présent en Belgique lors de la Troisieme Bataille d'Ypres (ou Bataille de Passhendaele). Cependant, dans l'idée de maintenir la pression sur les Allemands de multiples actions Britanniques quasi quotidiennes sont menées : raids, assauts, salves d'artillerie, tir de gaz... toujours dans ce secteur d'Artois, elles apporteront toujours leurs lots de morts et de blessés car naturellement, l'adversaire Allemand y répond toujours. Entre ces raids, l'entretient des tranchées, des barbets, des voies de communications... sont toujours aussi risqués et mortels. Et d'autres actions, quant à elles, sont plus importantes et réalisées en guise de diversion pour des attaques principales situées plus au sud comme le 20 Novembre 1917 où s'ouvre la bataille de Cambrai employant plus 400 chars MarkIV. Entre Fontaine-Les-Croisilles et Bullecourt s'élancent les hommes de la 3ème Division et ceux de la 16ème Division Irlandaise sur un front de près de 3km de tranchées. Une percée est faite dans la deuxième ligne de tranchées Allemandes et une nouvelle portion de la première ligne ainsi qu'un tronçon de Tunnel trench (le tunnel sous la Ligne Hindenburg) est pris, c'est un beau succès. Cependant, les troupes du 6ème Connaught Rangers et celles du 1er Royal Munster Fusiliers (16ème division) comptent beaucoup de disparus à la pointe de l'attaque.

 

- 21 Mars 1918 - 18 Juillet 1918 : Opération "Michael" et Opération "Mars" de "l'offensive du Printemps" ("Spring Offensive") ou "Bataille du Kaiser" - Les tranchées de la Ligne Hindenburg chèrement gagnées, ainsi qu'une large bande derrière celle-ci repasse aux mains des Allemands du fait d'une offensive majeure conduisant à une incursion de 50km dans le secteur Britannique. Le 21 Mars 1918, 200 000 Allemands, qui n'ont encore jamais entrepris de telle manœuvre depuis qu'ils se sont installés dans la Siegfried Stellung (Ligne Hindenburg), sortent de leurs positions aprés un tir de barrage de 6000 pièces d'artillerie positionnées entre Arras et La Fère. Les Britanniques sont submergés, ils reculent, les positions antérieures à l'opération Alberich de Février-Mars 1917 sont même par endroit dépassées particulièrement dans la Somme où les Allemands sont aux portes d'Amiens. Dans le secteur, c'est les 34ème, 3ème et 59ème Divisions Britanniques qui se battent et résistent bien, mais à quel prix?! la 34ème Division devant Fontaine enregistre une perte colossale de plus de 3000 hommes en 3 jours. Ils reculent de quelques kilomètres. Plus au Nord, les Britanniques résistent mieux grâce notamment aux positions favorables que constitue la colline de Vimy.

 

- Août-Septembre 1917 : "the Hundred Days Offensive" ("Offensive des cents jours" ou  "Les 100 jours du Canada") - Après une reprise de terrain dans la Somme à Albert, une attaque Anglo-Canadienne, qui sera victorieuse, est lancée devant Arras. Des difficultés sont à nouveau ressenties aux abords de la toujours aussi redoutée Ligne Hindenburg même si elle est à ce stade loin de ce qu'elle à pu être en Mars-Avril 1917. Les Allemands à Croisilles résistent, le réseau de tranchées qui ceinture le village est toujours solide. La 5ème Division Canadienne se charge d'attaquer un secteur encore inviolé pour le moment, aux environs de Chérisy le 27 Aout 1918. Les éléments du 26ème bataillon Canadien avancent bien et atteignent la rivière de la Sensée, les 22ème (Canadiens Français) et 24ème bataillon Canadiens ont nettement plus de difficultés et se battent sans aucun support d'artillerie. Les objectifs seront finalement pris et tenus mais à Chérisy, la perte pour le 22ème bataillon est quasi totale (39 indemnes sur 700 engagés au début de l'assaut, aucun officier n'est encore debout), à leur droite, la 56ème Division Britannique perd 2400 hommes, la 157ème Brigade (52ème Division) située entre Fontaine-Les-Croisilles et Croisilles qui est entré en action le 24 Août avec 750 hommes et 23 officiers, est relevée le 27 comptant 223 hommes et 6 officiers encore aptes au combat.... Les pertes sont considérables, mais le résultat est au rendez vous. Cette percée devant Arras sera à la source du recul définitif Allemand dans le secteur. La région est libéré progressivement dans les jours suivants, à partir de ce moment là et jusqu'au 11 Novembre 1918, les Allemands reculeront inexorablement jusqu'en Belgique.

 

- Années 20 : Reconstruction - Malgré le classement en "Zone Rouge", déclaré donc secteur impropre à la reconstruction du fait de la pollution des sols et de la dangerosité des armes restées sur le terrain après la bataille d'Arras, bon nombre de civils déplacés ou soldats démobilisés ou libérés reviennent portant et retrouvent l'emplacement de la maison grâce à ce qui peu rester de puits ou de souche d'arbre... Les témoins de l'époque racontent que plus l'on approchait des restes de la Ligne Hindenburg plus les destructions étaient visibles jusqu'à être totales, au point que les villages en plein sur la ligne ne sont devenu que tas de briques et poussières avec un tas plus haut que les autres : celui de l'église... Les premiers récupèrent ce qu'ils peuvent pour réaliser un abri de fortune, puis sont montés des baraquement en tôle "éléphant" ou demie-lune, on déblaye les routes, on rebâti le village, on remet en état les champs... Certains notent encore la présence de restes humains accrochés dans les barbelés de la Ligne Hindenburg plusieurs années après la fin des combats. 

 

- 23 Septembre 1920 : dans notre secteur d'artois, les communes meurties par les combats reçoivent la Croix de Guerre : Beaulencourt, Béhagnies, Bertincourt, Beugnâtre, Beugny, Bihucourt, Bucquoy, Bullecourt, Bus, Chérisy, Courcelles-le-Comte, Croisilles, Douchy-lès-Ayette, Ecoust-Saint-Mein, Ervillers, Foncquevillers, Fontaine-les-Croisilles, Frémicourt Gomiécourt, Grévillers, Hamelincourt, Haplincourt, Hébuterne, Hermies, Havrincourt, Lebucquière, Ligny-Thilloy, Martinpuich, Riencourt-lès-Bapaume Rocquigny, Ruyaulcourt, Saint-Léger, Sapignies, Le Sars, Souastre, Le Transloy, Trescault, Vaulx-Vraucourt, Vélu, Villers-au-Flos, Warlencourt-Eaucourt, Morchies, Metz-en-Couture, Puisieux, Morval, Mory, Moyenneville, Neuville-Bourjonval, Noreuil, Léchelle, Biefvillers-lès-Bapaume, Bancourt, Ayette, Avesnes-lès-Bapaume, Ablainzevelle, Achiet-le-Grand, Achiet-le-Petit...

 

​Deuxième Guerre Mondiale :

- Mai 1940 : Nouveaux combats sporadiques durant la Seconde Guerre. Début de l'occupation et actes de Résistance. Les tunnels de la Ligne Hindenburg comme Tunnel trench en parti toujours accéssibles à ce moment là servent de caches pour les parachutages organisés pour la résistance du secteur.

 

- Septembre 1944 : Libération du secteur.

- 24 Septembre 1944, 18h30 : Les premiers missiles V2, genre de missiles de croisière ("V" pour "Vergeltungswaffe" : « arme de représailles »), sont lancés de façon industrielle en Septembre 1944 afin de viser le moral des populations et la desorganisation alliée et ceci jusqu'en Angleterre. A Euskirchen (allemagne) le 24 Septembre à 18h21, la 2° batterie du 836 bataillon d'artillerie specialisée lance un tir en direction de l'Artois, celui-ci tombe à Croisilles 9 minutes plus tard et​ souffle une partie du village à en décrocher le cadrant de l'église et fait 7 victimes. A quelques minute d'intervalle, une autre bombe, présumée du modèle V1 cette fois-ci (genre d'avion sans pilote) tombe à Marchiennes sans faire de dégat. Ces bombes volantes étaient-elles perdues, ou visaient-elles bien ces secteurs, difficile de le savoir avec certitude.

 

- Aujourd'hui :

 des reliques restent présentes, les signes de 4 ans de guerre sont encore visibles plus de cent ans après, Le Musée Ligne Hindenburg vous proposera d'en découvrir d'avantage encore.

 

Ceci n'est ici qu'un modeste condensé... bons nombres d'événements se sont déroulés durant la Grande Guerre dans le secteur des tranchées de la Ligne hindenburg (Siegfied stellung) autour d'Arras et ne peuvent tous être relatés dans ces lignes, certains faits même font surface qu'avec le temps, la passion et la patience de nos membres. Aidez les!

ils étaient la...

Victoria Crosses et célébrités qui ont participé à notre histoire locale entre 1914 et 1918

Victoria Crosses (Croix de Victoria) : Arthur Henderson VC, Michael Wilson Heaviside VC, Horace Waller VC, David Lowe MacIntyre VC, David Philip Hirsch VC, George Howell VC, Rupert Vance Moon VC, William Clark-Kennedy VC, Ernest Beal VC,  John MacLaren Erskine VC (VC Remporté à Givenchy en 1916 - mort à Fontaine les Croisilles)... et bien d'autres héros.

Célébrités : Seigfried SassonEnst Jünger, Manfred Von Richthofen (Le Baron Rouge), Le Kaizer Guillaume II, le Roi Georges V, Haig, Ludendorff, Hindenburg, Le Kronprinz Ruppercht, Winston Churchill, Georges Vanier...

Le Musée Ligne Hindneburg vous fera découvrir, entre autres choses, leur histoire commune à notre petit coin de France...